COMMUNIQUE DE PRESSE CNIID
(Centre National d'Information Indépendante sur les Déchets)
Cancer : l'incinération coupable
Les scientifiques confirment le lien entre incinération et
cancer.
Les associations réclament un moratoire immédiat
Paris – L'Institut National
de Veille Sanitaire (INVS) a présenté le matin du 30 novembre une étude
accablante pour l'incinération des déchets, qui confirme que les populations
vivant à proximité d'incinérateurs d'ordures ménagères sont exposées à un
risque accru de cancer.
L'étude“ Incidence des cancers à proximité des usines d’incinération
d’ordures ménagères ” constitue la plus vaste étude épidémiologique jamais
réalisée en France sur l'impact sanitaire de l'incinération.
“ Il est désormais
démontré que l'incinération est responsable de cancers sur les populations
locales vivant à proximité ”, déclare Sébastien Lapeyre, chargé de mission
Incinération au CNIID.
“ Le CNIID réclame un moratoire sur l'incinération et la
suspension immédiate des 16 projets d'incinérateurs en France. L'industrie ne
peut plus mentir sur les effets néfastes de l'incinération sur la santé humaine
et il est temps de mettre un terme à cette technologie archaïque et dangereuse.
Cette étude est la reconnaissance du combat des centaines
d'associations qui luttent au niveau local contre des projets d'incinérateurs.
”L'INVS a mené conjointement deux études sur
l’imprégnation par les dioxines et l’incidence des cancers à proximité des
usines d’incinération d’ordures ménagères. Cette dernière met en évidence une relation
significative entre le lieu de résidence sous un panache d'incinérateur de 1972
à 1985 et l'augmentation du risque de certains cancers, notamment les cancers
du sein chez la femme.
Ces effets
sanitaires ne sont apparemment pas seulement liés à la dioxine mais aussi aux
nombreux autres polluants émis par les incinérateurs, dont la grande majorité
ne sont ni mesurés ni contrôlés
(1). “Attention,
les dioxines ne doivent pas être l'arbre qui cache la forêt ” met en garde
Lapeyre."20 composés pour les rejets atmosphériques ont été retenus dans
les normes, notamment 12 métaux lourds comme le mercure ou le plomb, mais la
liste des polluants non assujettis à des normes est encore plus longue.
Beaucoup de
composés organiques sont produits par l’incinération et ne sont pas mesurés alors
qu'ils sont également persistants, toxiques et bioaccumulables,
comme les dioxines. ”
D'une part
l'incinération produit des milliers de polluants autres que la dioxine, d'autre
part les dioxines et polluants qui ne sont pas rejetés dans les fumées se retrouvent
dans les résidus solides et liquides de l'incinération (mâchefers, résidus des
fumées d'incinération, rejets liquides de traitement) et sont donc diffusés
dans l'environnement par d'autres voies. De plus, même si les concentrations de
dioxines dans les fumées d'incinérateurs sont censées baisser suite à la mise
aux normes de décembre 2005, les quantités émises par incinérateur resteront globalement
élevées en raison de l'augmentation de la capacité des incinérateurs, du débit
de fumées rejetées et de la quantité de déchets traités.
“ A l'heure où l'OMS (Organisation Mondiale de la Santé) qualifie l'augmentation du nombre de cancers de
véritable épidémie, il paraît aberrant que l’incinération soit aujourd’hui un
système de traitement encore largement utilisé, développé et soutenu en France
sachant que ce procédé produit des milliers de polluants différents et empêche
le développement de filières alternatives de traitement des déchets",
déclare Eric Gall, Directeur du CNIID. “Il est temps
de programmer au niveau politique la fin de l'incinération et de mettre enfin
en place en France une politique de prévention des déchets ambitieuse et digne
de ce nom. Pour ce faire nous demandons à tous les candidats à l’élection
présidentielle de se prononcer en faveur d’un moratoire sur la construction de
nouveaux incinérateurs.”
Le CNIID est une association dédiée à la réduction à la source
en toxicité et en quantité des déchets. Le CNIID est uniquement financé par ses
adhérents et dénonce la gestion actuelle des déchets en France, dont 40% sont
incinérés et 40% sont mis en décharge. Le CNIID assure également le Secrétariat
de la Coordination nationale pour la réduction des déchets à la source, qui
regroupe plus de 270 associations locales luttant contre des projets de
décharges ou d'incinérateurs.
Notes :
(1) Sur les milliers de molécules ici de la combustion des
déchets, 20 composés pour les rejets atmosphériques ont été retenus dans les
normes, notamment 12 métaux lourds (dont le mercure, le plomb, l’arsenic, le cadmium),
le monoxyde de carbone CO, les gaz inorganiques (chlorure d’hydrogène HCl, fluorure d’hydrogène HF, dioxyde de soufre SO2 et oxydes
d’azote NO et NO2).
Mais la majorité des polluants émis par les incinérateurs ne sont
pas assujettis à des normes.
Beaucoup de composés organiques sont produits par
l’incinération, notamment plusieurs groupes de composés chlorés comme l’hexachlorobenzène (HCB), ou les hydrocarbures aromatiques polycycliques
(HAP). Les composés halogénés à base de brome, présent dans les déchets bruts
et de la même famille que le chlore et le fluor, ne sont pas non plus pris en
compte.
Contacts : Sébastien
Lapeyre, chargé de mission Incinération au CNIID,
au 01 55 78 28 65
ou 06 87 34 33 97
Eric Gall,
Directeur par intérim du CNIID, au 01 55 78 28 66 ou 06 17 64 14 28